Interview | The Dishwasher

 
« The Dishwasher » est une série de beat’em’all(1) développée par les esprits bouillonnants de Ska Studios. Tranchant avec les productions consensuelles, le jeu vous plonge dans une ambiance angoissante mais déjantée et vous propose d’incarner The Dishwasher (autrement dit, Le Plongeur), un jeune homme dévoré par la vengeance.

Derrière ce projet se cache James Silva a.k.a Jamezila. Dessinateur de son état, ce passionné de films d’horreur a réalisé son premier jeu vidéo en 2001, Zombie Smasher X. La série The Dishwasher est l’aboutissement de plusieurs années de travail acharné, de guitares usées et de zombies massacrés.

Let’s play !

Commençons par le nom: The Dishwasher. Pourquoi un tel choix?

Je travaillais comme plongeur dans un restaurant italien plutôt horrible quand j’ai commencé à penser à Bruce Lee dans Dragon. Il était plongeur aussi et sa patronne le méprisait « tu es plongeur et tu seras toujours plongeur ». Cette histoire a été ma source d’inspiration. J’ai décidé que finalement (et cela prendrait 3/4 ans) je ferai un jeu à propos d’un modeste plongeur qui deviendrait un maître assassin déchaîné.

La série possède une esthétique forte: couleurs désaturées, flou, dessins à l’encre de Chine pour les cinématiques(2). Comment avez-vous travaillé sur ce rendu si particulier ?

Je crois que le style est venu d’un mélange entre le dessin et le code.  J’ai toujours dessiné d’une certaine manière; mais une fois capable de peaufiner le post-traitement et le système de particules(3), j’étais capable de développer un style programmable. Bien entendu, le jeu puise aussi son inspiration dans des comic books comme Sin City ou Max Payne.

Comment réussissez-vous à gérer une violence extrêmement graphique?

Je suis vraiment très mal à l’aise face à la violence réaliste mais vraiment emballé par la violence abstraite des jeux vidéo. Je le conçois en comparant la violence dans les jeux vidéo à la violence contre des objets, comme balancer des assiettes ou démolir une voiture à coups de marteau. Vous ne faites de mal à personne mais vous éprouvez un plaisir unique.

Parlons maintenant des ennemis: zombies, militaires, agents secrets, robots… Quel mélange ! Est-ce un hommage aux jeux qui vous inspirent ou vouliez-vous franchir les limites des genres établis?

Les cyborgs dans The Dishwasher représentent plus ou moins un amalgame de toutes ces choses que j’ai toujours trouvées cool : zombies, robots, ninjas du SWAT. Je pense que les jeux Ninja Gaiden ont à peu près le même schéma de conception.

Il en va de même pour les lieux: les hôpitaux psychiatriques et les cimetières côtoient les architectures futuristes. Les grands piliers de la société (médias, finance et politique) sont coupés du monde, à l’abri dans d’imposantes tours. Comment avez-vous travaillé cet aspect?

Dans un même jeu cohabitent des univers totalement différents. Ils sont plus ou moins inspirés par le cinéma et les jeux vidéo d’horreur. Vampire Smile emprunte beaucoup aux Griffes de la Nuit et au clip d’Alice Cooper : Vengeance is Mine. Dead Samurai possède un peu de The Crow et de Matrix. Évidemment, tout est biaisé par mes propres perceptions et le résultat, quoique très référencé, a une âme vraiment unique.

Dans The Dishwasher: Vampire Smile, un nouveau personnage fait son apparition: Yuki avec son bras tronçonneuse (une possible référence à Madworld?). C’est très agréable de pouvoir jouer un personnage féminin puissant qui n’a pas forcément une poitrine généreuse. L’avez-vous imaginée comme une anti-princesse-à-sauver?

En fait, le personnage de Yuki s’inspire beaucoup des « mauvais » film du cinéma japonais d’exploitation comme Machine Girl ou Princess Blade. Yuki est une anti-héroïne déchue qui part en croisade contre les trois piliers de la société. Mais pas au nom d’un monde meilleur, simplement parce qu’ils sont la cause de son emprisonnement.

The Dishwasher et Yuki possèdent deux petits compagnons, respectivement un corbeau et un chat. Quel est leur rôle?

Ce sont leurs animaux de compagnie mais ils agissent aussi comme des partenaires de coop(4) « soft ».  Il suffit de prendre une seconde manette et d’appuyer sur A pour démarrer le mode coop animale qui se joue comme un twin stick shooter(5). La coop « soft » est désormais une tradition dans les jeux Dishwasher; j’aime donner à ceux qui regardent la possibilité d’interagir sans pour autant vraiment jouer.

Dans les deux jeux, la musique est un personnage à part entière. Elle ponctue les combats mais permet également des pauses salvatrices grâce à des jeux de rythme dispersés dans les niveaux. Quelle importance revêt la musique au sein de vos productions?

Je pense que la musique était plus une excuse pour expérimenter la guitare qu’autre chose! J’ai commencé à faire la musique du premier opus avec seulement un an ou deux d’expérience donc c’était autant un moyen d’apprendre que de m’exprimer.

Le nom des Succès(6) est amusant. Pensez-vous que ce genre de détails ajoute à la valeur du jeu?

Je pense que les Succès sont un bon moyen d’ajouter des niveaux de créativité et de charme au jeu. The Dishwasher : Vampire Smile possède des Succès officiels et officieux, inspirés par ceux de Red versus Blue. Dead Samurai a, mais ce n’est pas mon idée, un Succès déblocable en appuyant sur le bouton Guide de la manette pendant un solo de guitare. C’est inspiré par la performance désastreuse de Peter Moore pendant l’E3.

Où trouvez-vous les ingrédients nécessaires pour concevoir vos jeux vidéos?

Partout ! J’ai toujours aimé les films de Tim Burton, l’horreur à la japonaise, les jeux d’action et toutes sortes de musiques. Mais j’imagine le plus souvent d’un scénario simple et court auquel j’aimerais jouer.

Dites-nous quels jeux récemment sortis vous ont intéressé.

J’ai dernièrement joué à Silent Hill 3 de la HD Collection mais j’attends surtout la sortie Diablo III. J’ai perdu beaucoup, beaucoup d’heures sur Diablo II et pour d’étranges raisons, je suis impatient de recommencer !

Propos recueillis par Javel.

(1) Beat’em’all: prenez votre arme ou vos poings et tuez-les tous.

(2) Cinématiques: scènes (généralement) non jouables qui apportent des éléments sur l’histoire

(3) Système de particules: technique graphique numérique qui permet de simuler des phénomènes naturels.

(4) Coop: mode de jeu coopératif où les joueurs sont partenaires et progressent ensemble.

(5) Twin Stick Shooter: jeu de shoot multidirectionnel

(6) Succès/Trophées: récompense sous forme de points qui se débloque après certaines actions

+

The Dishwasher: Dead Samourai (2009)

The Diswasher: Vampire Smile (2011)

http://www.ska-studios.com/

http://www.vampiresmile.com/

+

Soundtracks

http://music.ska-studios.com/album/the-dishwasher-dead-samurai

http://music.ska-studios.com/album/the-dishwasher-vampire-smile

Remerciements chaleureux à James « Jamezila »  Silva 

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